Quand les soirées s'allongent - Passer du temps en famille
Maria nous partage dans ce chapitre sa réponse aux questions :
« Qu'avez-vous fait pour garder votre famille unie ?
"Qu'avez-vous fait pour garder vos enfants à la maison ?"
" Que faites vous ensemble ? "
retrouvez l'audio en bas de l'article.
PEU APRÈS NOTRE PREMIER CONCERT dans ce pays, les lettres affluaient, posant toujours la même question : « Qu'avez-vous fait pour garder votre famille unie ? ou "Qu'avez-vous fait pour garder vos enfants à la maison ?" En répondant encore et encore à la même question, j'ai développé quelque chose qui ressemble presque à un slogan, que j'ai finalement énoncé sur scène à chaque concert en faisant une petite introduction : "Si une famille joue ensemble, chante ensemble et prie ensemble, elle reste généralement ensemble. Dans mes lettres, je disais aussi : « Si vous passez les dix premières années avec vos enfants, ils passeront les dix prochaines années avec vous. »
[…]
Le regret principal est que le divertissement soit devenu si majoritairement passif de nos jours. Les gens se contentent de s'asseoir et de se divertir en regardant un match de football, la télévision, un film ou en écoutant la radio. Presque invariablement, la question sera posée. "Mais que pourrions-nous faire d'autre ?
Nous pouvons seulement leur dire ce que nous, la famille Trapp, faisons et les inviter à passer la soirée avec nous.
DANSER
Venir d'Autriche en Amérique signifiait venir d'un pays connu depuis des temps immémoriaux comme « le pays des danseurs et des violoneux » - un pays qui avait donné naissance non seulement à des centaines de danses folkloriques les plus pittoresques, mais aussi à cette danse populaire mondiale, la valse viennoise - au pays qui a donné au monde le jazz et la danse qui l'accompagne. Inutile de dire que nous nous sommes vite retrouvés plongés dans des discussions interminables sur le thème de la danse folklorique par rapport à la danse de salon moderne.
[…]
Maria compare dans ce chapitre les danses folkloriques, en groupe, harmonieuses, au danses "modernes" saccadées et sans harmonie, que manifestement elle réprouve.
C'était toujours une joie et un bonheur enrichissant de voir avec quel enthousiasme tout le monde s'y mettait (aux danses folkloriques). […] Il faut simplement réapprendre à jouer des instruments : l'accordéon et la guitare, le violon et la clarinette, ou encore la flûte à bec, la flûte ancienne qui se fait tant de nouveaux amis.
Une chose est sûre : les gens ont toujours dansé et le feront toujours. L’expérience nous a appris qu’il ne suffit pas de critiquer un système existant ; il faudrait plutôt le remplacer par un meilleur, vaincre le mal par le bien. Les parents peuvent s'intéresser au groupe de danse folklorique le plus proche, participer à leurs soirées, apprendre les danses, lire des informations à leur sujet, apprendre à jouer les danses sur des instruments simples, puis les introduire dans leur propre maison. Avec ces danses folkloriques , anciennes et nouvelles, et les danses de salon de notre propre jeunesse, nous pourrons passer de nombreuses soirées joyeuses en famille.
LECTURE À HAUTE VOIX
L’un de nos passe-temps préférés en soirée a toujours été la lecture à haute voix. Dans le vieux pays, quand je pouvais le faire en allemand, je lisais ce qui équivalait finalement à une petite bibliothèque, pendant que la famille tricotait, raccommodait… Parmi les livres, il y avait des romans historiques, ce qui conduisait tout naturellement à discuter de cette époque; et l'un ou l'autre des grands romans de la littérature mondiale. L'Île au Trésor de Stevenson, Kim de Kipling et, bien sûr, ses histoires de Mowgli ont ravi les plus jeunes auditeurs. De telles lectures duraient plusieurs semaines ; nous nous précipitions après le souper dans la bibliothèque et nous installions autour de la cheminée pour quelques heures de plaisir intense devant l'un des chefs-d'œuvre littéraires du monde.
Puis nous avons découvert le grand plaisir de lire des pièces de théâtre ensemble, chacun lisant une partie à haute voix. Certaines tragédies et comédies de Shakespeare devraient être lues de cette façon dans chaque foyer.
Si les enfants sont guidés par des étapes depuis l'âge des contes de fées jusqu'à Winnie l'ourson, Les 4 filles du Dr March, Oliver Twist - pour ne citer que quelques-uns des classiques de l'enfance - ils finiront par exiger une nouvelle séance de ce type chaque hiver. Plus tard, ils évoqueront cette époque comme « l’hiver où nous lisions les Grandes Espérances » ou « cet hiver où nous dégustions guerre et paix ».
Outre le fait de nous familiariser avec les meilleures œuvres des grands écrivains du monde, on ne saurait trop insister sur le fait que la lecture en groupe est tout à fait différente de la lecture individuelle . La lecture en famille offre une autre chose précieuse qui risque fort de disparaître de notre vie : la capacité à se forger une opinion et à l'exprimer, ce qui est l'essence même de la discussion en groupe. À mesure que les enfants grandissent, les livres changent de caractère. Il y aura des biographies de saints, des livres sur la vie spirituelle et des livres à caractère philosophique . Les discussions qui naissent tout naturellement de nos lectures feront peut-être plus tard partie des souvenirs les plus précieux de nos enfants.
DISCUSSION DE GROUPE
La famille se rassemble pour une réunion de discussion - le sujet est choisi par les personnes présentes - au moins une fois chaque semaine. Parfois, nous passons aussi une soirée ou un dimanche après-midi, chez nous, dans notre baie vitrée, à discuter de questions anciennes ou nouvelles, comme "Qu'est-ce qui est beau !" (toujours pas réglé, bien que longuement réfléchi et discuté avec de nombreux groupes d'amis et membres de la famille). L’art moderne est un autre sujet largement et sauvagement discuté, avec un accent particulier, dans notre maison, sur la musique moderne. « Le temps du gadget », comme je fais référence de manière irrespectueuse à l'ère technique, fait également l'objet de vives discussions.
Certaines de ces discussions surviennent tout naturellement ; certaines d'entre elles pourraient être planifiés. De cette manière, les enfants en pleine croissance apprennent non seulement à écouter et à respecter l'opinion d'autrui, mais aussi à exprimer leur propre opinion avec courage, même si elle se heurte au reste du groupe. Les Évangiles ne nous montrent-ils pas très souvent Notre Seigneur impliqué dans des discussions avec ses amis, les apôtres, ou tenant tête à ses ennemis, les pharisiens.
Le CHANT
Dès la naissance du premier bébé, la mère doit chanter pour ses enfants. Il existe d’innombrables berceuses, comptines et petites prières dans les recueils de chansons, qui ne demandent qu’à prendre vie. Les parents seront étonnés de la rapidité avec laquelle les petits enregistrent un air, ce qui les amènera naturellement à chanter par parties, maman prenant en charge la deuxième et papa ajoutant plus tard la troisième. Chanter est quelque chose de tout à fait naturel. Si seulement on pouvait guérir cette horrible phobie que nous rencontrons si souvent : « Je ne peux pas chanter, je n'ai pas de piano ! » Le plus bel instrument est la voix humaine, que Dieu a donnée à chacun.
La radio pourrait fournir une éducation précieuse dans chaque foyer si son écoute était planifiée intelligemment à l'aide du programme hebdomadaire . Mais souvent, la radio est allumée tôt le matin pour être éteinte seulement une fois les lumières éteintes le soir. Plus d'une fois, lorsque des gens nous invitaient chez eux après un concert, j'ai remarqué qu'avant même d'allumer la lumière, ils tournaient le bouton de la radio. Cela m’a toujours rempli d’admiration de voir à quel point cette machine domine complètement nos maisons. Éteignons la radio pour que nous puissions découvrir nos propres voix dans une soirée de chant .
Grâce à nos années d'expérience ici en Amérique , nous savons à quel point tout le monde s'amuse à chanter des « canons » ; commençons donc par chanter chaque tour à l'unisson ; et quand chacun connaît assez bien la mélodie pour se défendre, en deux parties ; et plus tard, dans trois ou quatre, selon ce que demande ce cycle particulier.
[…] Très bientôt, vous entendrez ces canons chantés dans toute la maison pendant la vaisselle, pendant les travaux ménagers - partout où il y a deux personnes ou plus dans la même pièce - ou en été pendant le désherbage dans le jardin. Chanter des canons est le moyen le plus simple et le plus naturel d’entraîner l’oreille au chant.
CONCERTS À DOMICILE
Ce que nous avons dit sur le partage des chefs-d'œuvre de la littérature mondiale à travers la lecture en famille devrait être dit avec la même importance pour l'écoute des chefs-d'œuvre de la musique du monde. […]
À mesure que les enfants grandissent, ils s'habituent à ce qu'on leur conseille de garder le silence pendant que père et mère écoutent une symphonie, un opéra ou un concert vocal.
La famille Von Trapp organise facilement un concert le samedi soir ou le dimanche après-midi, ou des soirées de fête spéciales tout au long de l'année.
Les grands oratorios ne peuvent pas être écoutés d’un seul coup et compris et appréciés en même temps. Une section doit être jouée à la fois et jouée plus d'une fois, jusqu'à ce que l'auditeur se familiarise avec chaque partie et apprenne à apprécier l'ensemble de l'œuvre. Les semaines de l'Avent sont une excellente période pour étudier le Messie de Haendel, et les semaines du Carême pour la Passion selon saint Matthieu de Bach ; puis, à la fin de la saison, à Noël et pendant la Semaine Sainte , l'intégralité de l'œuvre sera jouée en une seule séance.
Pour la période de Noël, il y a les chants de Noël de la Chorale Robert Shaw ; la musique de Noël des premiers compositeurs italiens, joué par I Virtuosi di Roma, ou les deux enregistrements Noël avec la famille Trapp, le Carême pourrait être le temps des spirituals, de l'oratorio ( par exemple Les Sept dernières paroles de Haydn ou le Requiem allemand de Brahms) ou de la grand Messe en do mineur de Mozart.
Nous avons eu une expérience considérable avec des gens qui regardaient notre sélection d'enregistrements avec beaucoup de méfiance et, lorsqu'ils étaient exposés à un tel "concert à la maison", se préparaient à "s'ennuyer à mort avec cette musique aux cheveux longs", pour ensuite s'exclamer : "Mais c'est beau !"
Pour ceux qui veulent se lancer dans l'expérience , voici quatre œuvres si captivantes, même pour une oreille non avertie, que tout le monde sans exception les a appréciées dès la première écoute :
Voila le lien vers la playlist spotify sur laquelle j'ai regroupé ses suggestions.
Mozart, Quintette pour clarinette et cordes en la Majeur, K. 581
Mozart, Quatuor pour hautbois et cordes
Mozart, "Petite musique de nuit "
Haydn, Concerto pour trompette et orchestre en ré majeur
Voici d'autres suggestions de programmes :
Respighi, "Suite d'airs et de danses antiques"
Mozart, Symphonie en ré majeur ("Prague")
Bach, Concerto brandebourgeois I en fa majeur
Schubert, Quintette pour cordes en do majeur, op 163
Mozart, "Eine kleine Nachtmusik
Schubert, Symphonie n° 8 en si mineur ("Inachevée")
Mozart, Sérénade en mi bémol majeur
Schubert, Symphonie n°7 en do majeur ( « Grande »)
Les préjugés que tant de gens ont contre les opéras pourraient facilement être surmontés en se familiarisant d'abord avec leurs textes […]: c'est la première porte à franchir. Ensuite, nous vous suggérons d'écouter un acte à la fois et de lire d'abord l'histoire (que presque tous les albums incluent avec les enregistrements), puis le livret, en suivant le texte original et la traduction jusqu'à ce que vous soyez parfaitement familier avec celui-ci et que vous puissiez en profiter dans son intégralité.
Les opéras suggérés pour le plaisir familial sont la Flûte enchantée de Mozart, Aida de Verdi de Die Meistersinger de Wagner ; et les enfants en particulier seront ravis de Hansel et Gretel de Humperdinck et d'Amahl et les visiteurs de la nuit de Menotti, particulièrement approprié pour la période de Noël.
Si vous souhaitez terminer une telle soirée sur une note plus légère, ajoutez une des grandes valses de Johann Strauss dans l'authentique et merveilleuse interprétation de l'Orchestre Philharmonique de Vienne.
"IL ÉTAIT UNE FOIS"
Parmi les arts qui disparaissent rapidement à l’ère de la machine, le plus menacé est l’art de la narration. Dans d'autres générations, il était tout à fait naturel que chaque mère raconte une histoire à ses petits au moment du coucher, ou lorsqu'un enfant ne se sentait pas bien, ou le dimanche et les jours de fête. C'était l'époque où les mères étaient très occupées, où elles devaient allumer un feu dans la cuisinière, laver leur linge à la main, faire leurs courses tous les matins et rapporter leurs marchandises à la maison, parfois sur de longues distances ; elles cousaient les vêtements des enfants, raccommodaient le soir. Mais il y avait une place pour une raconter une histoire.
Rien ne remplace la narration. La lecture de livres, en privé ou à voix haute, l’écoute de la radio et le visionnage de la télévision, tous ces moyens ne peuvent remplacer une seule histoire racontée en direct autour de la cheminée ou sur le porche, une nuit d’été ou après que le feu de joie s’est éteint.
Certes, ce n’est pas un art facile. Beaucoup de gens l’ont découvert et ont abandonné avant d’avoir fait suffisamment d’efforts.
Beaucoup de narrations se sont déroulées dans notre maison. Mon mari en était un maître. Lorsqu'il commença à raconter son voyage autour du monde à bord d'une frégate à l'ancienne en tant que cadet de première classe, ou sa participation à la rébellion des Boxers en Chine à l'âge de dix-neuf ans, ou encore ses aventures dans le premier sous marin nouvellement inventé et mal construit, nous étions tous assis sous le charme, inconscients du temps qui passait. […]
L'important n'est pas tant ce que nous racontons, tant que nous sommes prêts à faire revivre cet art oublié. Notre Seigneur nous donne un exemple. Certaines des plus belles histoires jamais racontées viennent de Lui : l’histoire du fils prodigue, de Lazare, du bon Samaritain.
Et maintenant nous avons atteint le point le plus important de tous. Lorsque des sermons ou des livres de dévotion nous disent que la famille chrétienne doit se modeler sur l'exemple de la Sainte Famille, cela se réfère généralement à la vie spirituelle uniquement .
"S'il y avait plus de mères comme Marie et plus de pères comme Joseph, il y aurait plus d'enfants comme Jésus", dit-on, Marie étant considérée comme la sainte servante du Seigneur, Joseph comme l'homme le plus proche de Dieu et l'Enfant "soumis à eux".
[…] Il est cependant fort probable qu'il y avait des contes, des chants et des discussions le soir dans la petite maison de Nazareth ; N'ont -ils pas joué à des jeux avec le petit garçon et ses amis, ou écouté de la musique jouée sur les instruments anciens et pittoresques par certains voisins ? Joseph a peut-être fait la lecture à sa famille, et chaque fois qu'ils ont accepté une invitation au mariage d'un de leurs parents, ils participaient certainement aux danses qui faisaient partie de toute cérémonie de mariage oriental.
Une parole du livre des Proverbes est souvent appliquée à Notre-Seigneur ou à sa Sainte Mère :
« Et moi, je grandissais à ses côtés. Je faisais ses délices jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes.
» (8, 30-31).
Faut-il limiter ce « vivre-ensemble » à une demi-heure précipitée le dimanche, ? Sachant que cela représente pour eux une telle joie , invitons la Sainte Famille à rester avec nous tout au long des jours de la semaine, tout au long des années de notre vie lorsque nous travaillons ou prions et aussi lorsque nous jouons.
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