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Photo du rédacteurmarie B

Le pays sans Dimanche. Avec les Von trapp Episode 1

Le pays sans dimanche 


L'audio est en bas de l'article.


Deux amis des Von Trapp leur ont raconté un voyage en Russie, dans les années 1930.

Et ce qui les a le plus marqué et choqué, c'est la suppression des dimanches. 

A la place, les Russes ont un jour de repos, à un intervalle variable (parfois au bout de 4 jours, de 10, de 8…) et en roulement afin que tout le monde ne soit pas au repos en même temps, qu'il y en ait toujours qui travaillent. Ils en ont retiré un sentiment de travail permanent, de course ...


A l'inverse Maria raconte les dimanches dans la vieille Autriche avant la guerre. 

Le dimanche, avant tout, commençait le samedi après-midi. Tout comme certaines grandes fêtes ont des Vigiles, le dimanche commence la veille. Au son de la cloche, les gens quittaient les champs, rangeaient leur matériel, se lavaient et les hommes se rasaient. Les femmes en cuisine préparaient le repas du dimanche, chacun préparait ses habits du dimanche, réservés pour cette occasion. On rangeait la maison. Alors que le reste de la semaine était toujours un peu pressé, le samedi soir on prenait le temps. Après le repas on disait le chapelet puis le père de famille faisait la lecture des textes de la messe du lendemain. On allait se confesser. 

Le samedi soir était une soirée calme, sans sortie, et on se couchait tôt. 

Le dimanche chacun se mettait sur son trente-et-un, et se vêtir ainsi donnait l'impression que l'Esprit du dimanche les recouvrait. 

Ils allaient à l'Eglise à pied et Maria témoigne de la paix que cela apportait, en comparaison avec le trajet en voiture qu'elle a connu aux USA. 

Puis après la messe on se rendait dans le cimetière qui entourait l'église pour rendre visite à la famille décédée. 

Après le déjeuner, on se visitait entre familles, on visitait les malades, les jeunes jouaient ensemble, on faisait de la musique. 


On retrouve ici une directive donnée par Saint François de Sales dans l'Introduction à la vie dévote : Commencez le soir précédent à vous préparer à la sainte communion, par plusieurs aspirations et élancements d'amour, vous retirant un peu de meilleure heure, afin de vous pouvoir aussi lever plus matin. […] Le matin levez-vous avec grande joie pour le bonheur que vous espérez…


Maria explique que la famille Von Trapp faisait ainsi, principalement parce que ça c'était toujours fait. Découvrir que certains pays avaient supprimé le dimanche leur a permis de réaliser leur chance de pouvoir célébrer le jour du Seigneur. Ils ont compris la nécessité de ne pas le vivre simplement comme une tradition mais d'en redécouvrir le sens, ce qu'ils ont fait pendant plusieurs mois de discussions avec leur curé. 



Le dimanche dans l'Eglise primitive

La première communauté chrétienne est restée fidèle au Shabbat juif, mais très vite les apôtres ont fait suivre le Shabat par une nuit de prière, et la célébration de l'Eucharistie aux premières heures du dimanche. Puis le Concile de Jérusalem, autour de l'an 50, a supprimé l'observance du Shabbat pour les chrétiens. 

Le nom du jour réservé au Seigneur a changé : de Shabbat, il est devenu Jour du Seigneur : Domenica.

Les chrétiens assistaient alors à la messe au péril de leur vie, souvent dans leurs maisons. 


Au 4e siècle

La persécution étant finie, des églises ont été érigées, l'Eglise déclara le dimanche chômé et peu à peu le calendrier liturgique s'est établi. 


Un jour de grâces

Le Seigneur a choisi le dimanche pour ses actions les plus éclatantes : 

Sa résurrection, son envoi des Apôtres en mission, l'institution du sacrement de la réconciliation, l'envoi de l'Esprit saint à la Pentecôte. 

C'est vraiment un jour béni, un jour de grâce. 


Et la liturgie dominicale nous accorde d'autres grâces : 


La joie. 

Psaume 117 

Voici le jour que fit le Seigneur, qu'il soit pour nous jour de fête et de joie.


La contemplation 

La plupart d'entre nous ne peut pas prier les offices quotidiennement. Dieu en instituant ce jour à part chaque semaine nous permet de prendre le temps de la contemplation qui nous semblerait sans ça réservée à "ceux qui ont le temps de prier". 

C'est aussi un temps, on le lit dans la Vie de Ste Thérèse d'Avila, pour aller rencontrer les consacrés et s'en laisser instruire. 


L'anticipation. 

Le ciel sera un dimanche éternel. Ainsi chaque dimanche aide les chrétiens à se préparer pour le ciel. C'est un jour d'attente, un rappel de la joie promise. 


Et on pourrait citer bien d'autres grâces. 


Maria explique qu'en découvrant cela, ses enfants ont décider de prendre les choses en main. Ils ont fondé une "association pour la restauration du dimanche", présidée par leur curé. L'association a désigné un membre de la famille pour chaque dimanche, avec la responsabilité de veiller à ce que le dimanche soit vécu du mieux possible comme le jour du Seigneur. 

Le caractère joyeux du dimanche était jalousement défendu. Ils organisaient des danses, des randonnées, faisaient de la musique… et bien sur la lecture des textes pendant les repas.


En Amérique. 

En Amérique Maria a découvert que le samedi soir était un soir de sortie, de fêtes, de couchers tardifs.. et donc sans anticipation de la messe, à laquelle on se préparait à la dernière minute pour les concernés. Elle constate aussi que le dimanche consistait pour beaucoup à enfiler ses vêtements les plus sales pour laver sa voiture, tondre sa pelouse ou nettoyer ses plates-bandes. 


Mais petit à petit, ils ont pu recréer leur liturgie domestique en Amérique. Ils arrêtaient de travailler le samedi à 5h, et s'il y avait des invités à table, le prêtre invitait chacun, après le repas, à se rassembler pour écouter les lectures du lendemain et en parler. A la fin ils déterminaient le message particulier de ce dimanche et ce qu'ils pourraient faire pour en vivre personnellement et en communauté pendant la semaine. 


Dimanche en danger 

Pie XII tint se discours en 1947 

 Le dimanche doit redevenir le jour du Seigneur, de l'adoration et de la glorification de Dieu, du saint sacrifice, de la prière, du repos, du recueillement et de la réflexion, du joyeux rassemblement dans l'intimité de la famille. Une douloureuse expérience a enseigné que, pour beaucoup, même pour ceux qui durant la semaine ont travaillé honnêtement et assidûment, le dimanche est devenu le jour du péché.


Mettez-vous donc de toutes vos forces sur la défensive, afin qu'un grossier matérialisme, un excès de plaisirs profanes, la plus éhontée corruption morale dans les écrits et dans les spectacles, n'accaparent pas le dimanche, pour effacer de son visage l'empreinte divine et égarer les âmes dans le péché et dans l'irréligion. L'issue de la lutte entre la foi et l'incrédulité dépendra vraiment, en grande partie, de ce que l'un et l'autre camps opposés sauront faire du dimanche. Portera-t-il encore gravé sur son front, clair et resplendissant, le nom saint du Seigneur, ou ce nom sera-t-il, d'une manière impie, terni et oublié ? Il y a là un immense champ d'action qui vous attend. Allez courageusement à l'ouvrage et contribuez à redonner le dimanche à Dieu, au Christ, à l'Eglise, à la paix et au bonheur des familles.


Maria a été choquée qu'il y ait besoin de le dire ! Le dimanche était-il donc en danger ? Oui dit-elle. Le danger de l'exterieur, des ennemis de l'Eglise, mais de l'intérieur aussi, en raison de la médiocrité et de la superficialité des chrétiens eux-mêmes, qui ont fait du dimanche un jour de relaxation, de recherche de divertissement. 


Pie XII le redit dans l'encyclique Mediator Dei


Que les jours de fête soient fidèlement observés : ils doivent être destinés et consacrés à Dieu d’une façon particulière, le jour du dimanche surtout, que les apôtres, instruits par le Saint-Esprit, substituèrent au sabbat. Il avait été dit aux juifs : « Vous travaillerez six jours ; le septième jour, c’est le sabbat, repos consacré au Seigneur ; quiconque travaillera ce jour-là, mourra » [141]. Comment donc n’auraient-ils pas à craindre la mort spirituelle les chrétiens qui, les jours de fête, se livreraient aux œuvres serviles et qui profiteraient de ces jours de repos pour s’abandonner sans retenue aux entraînements de ce monde au lieu de s’appliquer à la piété et à la religion ?

C’est donc aux choses divines par lesquelles on honore Dieu et l’on donne à l’âme une nourriture céleste que doivent être consacrés le dimanche et les autres jours de fête. L’Église, il est vrai, ne prescrit aux fidèles que l’abstention du travail servile et l’assistance au sacrifice de la messe ; elle ne donne aucun précepte pour l’office du soir ; mais elle ne l’en recommande pas moins avec insistance et elle ne l’en désire pas moins. […]

Grande est la douleur qui remplit Notre âme à voir la manière dont, de nos jours, le peuple chrétien passe son après-midi les jours de fête. On remplit les lieux de spectacles et d’amusements publics, bien loin de se rendre comme il conviendrait aux édifices religieux. Tous, au contraire, doivent venir à nos églises pour s’y entendre enseigner la vérité de la foi catholique, pour y chanter les louanges de Dieu, pour y recevoir du prêtre la bénédiction eucharistique et y être réconfortés contre les adversités de cette vie par le secours du ciel. Qu’ils s’appliquent autant qu’ils le peuvent à retenir ces formules qui se chantent aux prières du soir et qu’ils se pénètrent l’âme de leur signification. Sous l’action et l’impulsion de ces paroles, ils éprouveront ce que saint Augustin dit de lui-même : « Que de larmes j’ai versées aux hymnes et aux cantiques ; les doux accents des paroles de votre Église m’émouvaient profondément. Ces paroles pénétraient par mes oreilles et en vérité s’écoulaient dans mon cœur ; la ferveur de leurs sentiments m’embrasait, et mes larmes coulaient, et je me trouvais bien » [142]



Alors Maria nous invite à nous poser la question : Nous savons ce que les Russes des années 1930 ont fait du dimanche : ils l'ont supprimé. Et nous ? Et moi ? 




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