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Photo du rédacteurmarie B

Le retour du Fils prodigue : Rembrandt


Pour accompagner vos études de tableaux à la façon de Charlotte Mason, voila une proposition autour du chef d'oeuvre de Rembrandt, le retour du fils prodigue.

Dans les parcours Admire et fais tiennes, il est à l'étude au cycle 3 en arts, et sert de support à l'écoute de cette parabole dans le cycle 3 de vie spirituelle.


Manquant de temps pour vous proposer une analyse "originale", je vous livre ici une version trouvée sur le site ichtus.fr que j'ai simplifiée et complétée, ainsi que des pistes pour aller plus loin : audios/videos et activité et coloriage.




Commencez par une observation, en suivant le processus présenté ici.


Puis approfondissez :


Lisons l'extrait de l'Evangile dont il est question :


EVANGILE DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT LUC. Chapitre 15
01 Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
02 Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
03 Alors Jésus leur dit cette parabole :
04 « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
05 Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux,
06 et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !”
07 Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.
08 Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
09 Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !”
10 Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »
11 Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils.
12 Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens.
13 Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
14 Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
15 Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
16 Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.
17 Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
18 Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
19 Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.”
20 Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
21 Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”
22 Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
23 allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons,
24 car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.
25 Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.
26 Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait.
27 Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.”
28 Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier.
29 Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
30 Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !”
31 Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.
32 Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »



Nous sommes en présence de l’une des dernières œuvres de ce peintre de la miséricorde que fut Rembrandt. Son sujet, tiré d’une parabole de l’Évangile, est une méditation sur l’amour de Dieu pour ses créatures, en tout point semblable à celui d’un père pour ses fils.


Notre regard est d’abord séduit par la chaleureuse palette en camaïeu de rouge et or qui accentue un effet de clair obscur et démultiplie la force des sentiments exprimés.

La scène est traitée en premier plan décentré sur la gauche du tableau, avec cette facture propre à l’artiste de faire apparaître des personnages qui se dégagent peu à peu de la pénombre environnante, et n’en finissent plus de s’imposer à nous avec une somptuosité lumineuse qui s’intensifie au fur et à mesure que notre regard s’attarde sur eux.


On peut penser aux fameux pèlerins d'Emmaus par exemple.




Revenons au Fils prodigue

Deux groupes de personnages sont disposés sur une diagonale qui va de l’angle droit en haut du tableau à l’angle gauche en bas. Les trois hommes de l’angle supérieur, dans la pénombre, ont le regard fixé sur ceux du premier plan à gauche, leur attention convergente accentuant encore l’importance de ce qui se passe entre les deux personnages en gros plan, inondés de lumière, qui constituent l’essentiel de l’œuvre.



Vêtu de guenilles, le fils repentant s’est agenouillé aux pieds de son père. Il semble effondré au milieu de sa misère, ses vêtements sont élimés, ses cheveux pelés, sa barbe mitée, ses pieds chaussés de savates éculées ; ce n’est pas forcer le trait que de dire que l’on voit qu’il sent mauvais et qu’il tremble de fatigue et de faim.


Mais il n’est pas qu’agenouillé, il est incliné avec déférence et quémande la consolation, sa colonne vertébrale ploie tandis que sa tête vient s’appuyer contre la poitrine de son père qui l’attire en son sein entre ses deux bras et le considère avec aménité. C’est le pardon humain qui est demandé et qui est accordé avec mansuétude. Nous nous retrouvons tous dans cette attitude aux jours de désespoir lorsque nous cherchons à nous blottir contre l’épaule qui console et ­réconforte.

L’amour qui protège et l’amour qui console


A côté de son pied gauche, nu, la savate volontairement délaissée bascule la scène dans une autre dimension. L’enfant du repentir s’est déchaussé comme Moïse devant le buisson ardent, parce qu’il est en terre sacrée. Le père devant lequel il s’humilie n’est pas que le sien, il est celui de l’humanité toute entière. Le regard du spectateur remonte lentement du fils qui supplie au père qui reçoit son enfant. La lumière sur les épaules du fils jaillit des mains du père, comme de son visage qui se penche. Toute la vérité de la scène est concentrée dans cet ovale parfait qui prend naissance entre les deux mains du père, s’enfle entre ses bras pour culminer sur ses épaules où trône le visage sublime, et souffrant de la paternité miséricordieuse.


A la souffrance qui s’élève et se gonfle correspond l’amour qui se donne et coule des épaules de Dieu sur les épaules de l’homme. Au péché répond la surabondance de l’amour qui pardonne et vous redonne la vie.


Le visage du Père est particulièrement bouleversant. Certain que sans la force de sa compassion son fils est perdu, il est sans colère et sans reproche. Mais les deux épaules tombantes qui l’encadrent nous disent qu’il est aussi sans illusion, accablé par la souffrance de son enfant, et par celle que lui cause son enfant.


Le regard de Dieu est douloureux qui descend sur la tête et les épaules de son fils. Il est aussi gorgé d’amour, comme en témoignent les deux mains du père enserrant le dos de son enfant. L’une, carrée et courte, aux doigts puissants et écartés, s’appuie fortement sur l’épaule droite du fils «que l’on croyait perdu et qui est revenu». L’autre, longue et élégante, aux doigts fins et serrés, effleure et caresse le dos qui s’incline et s’abandonne. Les deux formes de l’amour dans l’altérité et la communion des deux sexes. L’amour fort de l’homme qui protège, l’amour délicat et amène de la femme qui console. Le lien que suppose ce tableau entre la justice et la miséricorde de Dieu est l’essence même du christianisme, en ce qu’il affirme la complicité de Dieu avec ses enfants dont il connaît l’imperfection de nature, complicité intime qui est allée jusqu’à l’Incarnation.



Sur la droite du tableau, le regard incrédule que le fils aîné pose sur la scène du repentir accepté de son frère est lourd de signification pour notre temps. A la misère de celui qui est parti et a dilapidé sans comprendre ce qu’il perdait, s’ajoute la misère de celui qui est resté sans comprendre ni jouir de ce qu’il possède. Sous le pinceau de Rembrandt, se déploie tout le drame de la rédemption de notre humanité ingrate, lente au repentir.



Deux videos pour aller plus loin




Bricolage :

créer le tableau en 3 dimensions :

Prendre une boite à chaussures et la décorer dans des couleurs sombres, inspirées du tableau. Penser au personnage du fond.

Sur le coté droit, coller les personnages de droite (après les avoir imprimés à la bonne taille) ou les recréer.

Au premier plan, découper (à partir du coloriage proposé ci-dessous), peindre ou colorier, et installer le père et le fils. Veiller à ce qu'ils se détachent par leur luminosité sur le fond sombre.


Vous pouvez aussi recréer la scène dans la boite avec des playmobils.


Coloriage réalisé par Elisabeth Dardinier, issu du cycle 3 de vie spirituelle (lecture suivie de la bible et observation d'oeuvres d'art)



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