(Notes extraites de ce livre)
Les DOUZE VERTUS D'UN BON MAITRE
PROPOSÉES
PAR Saint J.-B. DE LA SALLE,
Instituteur des Frères des Ecoles chrétiennes ;
*
EXPLIQUÉES PAR LE FRÈRE AGATHON, SUPÉRIEUR GÉNÉRAL.
La gravité
La gravité est une vertu qui règle tout l'extérieur d'un Maître conformément à la modestie, à la bienséance et au bon ordre
Il a le regard assuré et serein, sans artifice ni sévérité ; il ne rit point en parlant, et ne fait pas de contorsions inadaptées ; il a l'air affable ; il parle peu et d'un ton modéré; il n'est dans ce qu'il dit ni aigre, ni piquant, ni hautain, ni agreste, ni malhonnête envers qui que ce soit.
Persuadé que la gravité, la modestie, la réserve, n'excluent pas la bonté ni une tendre affection, il cherche par ses aimables qualités à se concilier l'amitié des écoliers, parce qu'il sait qu'alors ils auront plus d'empressement pour accourir à ses leçons, plus de docilité à les recevoir et plus de fidélité à les mettre en pratique
Loin de se proposer uniquement de s'en faire craindre, son but principal est de s'attirer leur confiance pour mieux connaître les vertus qu'ils peuvent avoir, afin de les cultiver et de les perfectionner; pour apercevoir plus facilement leurs vices et leurs défauts, afin de les corriger, sinon tous et tout à fait, au moins autant que la chose est possible. Pour cet effet, il écarte soigneusement de sa conduite tout ce qui ressentirait la dureté, la fierté, la rodomontade; en un mot, tout ce qui le ferait paraître austère, de mauvaise humeur, indifférent, difficile à contenter. Il évite également un ton trop imposant, trop rigoureux, qui empêche les écoliers de se montrer tels qu'ils sont, qui les porte à se dérober à l'œil du Maître, à cacher le mal auquel il pourrait remédier s'il le connaissait, et leur ôte la liberté de laisser éclore le germe des bonnes qualités qui se trouvent en eux.
Il veut encore s’en faire estimer et respecter ; car les écoliers n'écouteraient pas ce que leur enseignerait un Maître qu'ils n'estimeraient pas ; il n'oublie donc jamais l'obligation qu'il a d'être pour eux un exemple continuel de toutes les vertus : il annonce, dans tout son extérieur, une retenue et une décence qui sont le fruit de la maturité de son esprit, de sa piété, de sa sagesse ; mais surtout il a soin de conserver la tranquillité par l'égalité d'âme et d'humeur.
Cette égalité consiste dans le maintien paisible et uniforme d'une âme qui n'est pas troublée par les événements, quels qu'ils soient. On l'acquiert en se formant une idée juste des choses, en modérant ses désirs et ses craintes, en se préparant à tout ce qui peut arriver.
éviter : les emportements, les violences, les regards fiers et menaçants, l'impatience, la rusticité, les puérilités, les tons impérieux, les paroles injurieuses pu dictées par upe douceur simulée et ironique.
Il ne lui suffirait pas de se préserver de ces défauts, s'il n'évitait encore les grimaces, les plaisanteries, les pénitences qui troubleraient l'ordre, qui feraient rire, qui seraient indécentes; des façons de faire et de parler qui ne conviendraient pas dans une classe, des manières méprisantes, un visage sombre, renfrogné, …; les affectations ridicules, comme de grosse voix, de hauteur, d'air trop magistral, trop absolu, pédantesque, un dehors trop mystérieux, guindé, suffisant, fâcheux, renchéri ; les mouvements de corps précipités, les haussements d'épaules, les gesticulations trop grandes, les coups frappés sur le marchepied, sur le siège ou sur les tables, pour étonner les écoliers et leur faire peur.
Comments